Témoignage: "Ma production musicale communautaire"

Publié le par Label-MusiCom

Témoignage de carinepinon sur le site Obiwi.fr
 
"On entend parler de plus en plus de production communautaire dans la musique ou même pour les films à petits budgets. Mais en quoi ça consiste exactement et qu'est-ce qui fait qu'un auditeur/spectateur lambda saute le pas pour devenir producteur et investir quelques sous sur un ou des coups de coeur? Je vais vous donner un exemple concret de quelqu'un que je connais assez bien: moi!

C'est la crise! Alors on pare au plus pressé, au plus utile et on oublie doucement le reste.
Sauf que la musique, le cinéma, la création artistique dans toutes ses variantes, ce n'est pas superflu pour tout le monde... Et je ne parle pas uniquement des professionnels de la profession.
Parfois, on a envie de s'impliquer davantage pour ne pas avoir à toujours subir les
goûts de la majorité.
Parfois, on se dit que ce n'est pas parce qu'un artiste n'a pas été découvert qu'il n'a pas de potentiel...
C'est la crise pour tout le monde, même pour les maisons de disques et il est assez compréhensible que, dans ce contexte, elles préfèrent se tourner vers des valeurs sûres ou peu risquées...
Alors si elles n'ont pas eu la chance (ou le discernement) de tomber sur votre chouchou/voisin/cousin plein de talent, plus la peine de pleurer à chaudes larmes et de maudire ces grosses vilaines majors incapables de se bouger et d'ouvrir leurs oreilles (et leur porte-monnaie).

Le public peut désormais agir et miser sur un artiste. L'exemple le plus frappant et le plus connu est, bien sûr, celui de Grégoire, produit par les internautes sur Mymajorcompany et vendu depuis à plus 700 000 exemplaires.
D'autres sites sont aussi présents sur ce créneau et plus les investisseurs sont nombreux, plus les chances de boucler un budget d'album (entre 50000 et 70000 euros en moyenne) sont importantes.
Le principe? Vous aimez un artiste proposé à la production, vous misez une somme d'argent et vous récupérez un pourcentage des bénéfices selon votre mise.
Evidemment, à moins de 100 000 albums vendus, les chances de faire fructifier l'argent investi sont assez maigres, alors les investisseurs présents sur des sites moins visibles (en gros, ceux qui n'ont pas eu de succès aussi fulgurant que celui de Grégoire) peinent actuellement à faire grimper les jauges.
Spidart (un autre site de production communautaire) s'y est même déjà cassé les dents ... Pas facile de garder confiance!

Ma petite expérience de la production communautaire a débuté banalement.
Un artiste que je soutiens (très) activement, Damien Vanni pour ne pas le citer, a décidé de se lancer dans l'aventure et je l'ai suivi.
Si votre chouchou n'a pas déjà des enregistrements à peu près corrects, des compositions prêtes et un public convaincu, ce sera plus difficile pour lui, je n'apprends rien à personne.
Le mien s'était inscrit sur Nomajormusik (devenu Buzzmyband depuis) qui avait la particularité de proposer de produire, dans un premier temps, des singles, puis un album en cas de succès. De l'argent plus facilement et plus rapidement récupérable, mais en contrepartie davantage de concurrence et plus de risques d'être noyé dans la masse des artistes produits pour un single.
Damien n'a pas eu ce problème, les 4 singles proposés à la production ont été financés en moins de 2 mois, fait suffisamment rare pour que la participation à la production de l'album soit enclenchée en décembre dernier.

En s'investissant davantage, on se rend rapidement compte qu'il y a au moins 3 types d'internautes-producteurs. Celui qui, comme moi, est venu pour un groupe et se concentre uniquement sur sa production, ceux qui, par amour de la musique et par engagement personnel, s'impliquent régulièrement sur plusieurs artistes et ceux qui ne cherchent que les bénéfices et investissent essentiellement pour de potentielles retombées financières.
Tout cela est bien sûr très schématique: les producteurs venus pour un artiste en découvrent d'autres et sont tentés de les suivre également, ceux qui sont présents pour plusieurs personnes ont leurs préférés et misent davantage sur eux, quant à la dernière catégorie, il existe des investissements bien plus sûrs, l'amour de la musique est bien là, quelque part...
Ce qui est certain, c'est que le producteur est plus impliqué, il donne son avis, il aide à la promotion (le fameux bouche à oreille) et il a l'impression d'avoir aidé, même si c'est, certes, à faible échelle. Et les bénéfices sont à rechercher davantage dans la satisfaction personnelle d'avoir contribué à faire avancer les choses que dans la recherche de la poule aux oeufs d'or. Et si on peut devenir riche dans la foulée, pourquoi se priver?

Mais, nous en revenons toujours à la crise: les producteurs doivent choisir et les sites de production communautaire évoluer. Buzzmyband (BMB) a dû faire un sacré virage pour ne pas se retrouver dans le mur et essayer de rentrer dans la cour des grands: changement de nom et de principe également.

Les productions de singles pour 3000 euros se sont transformées en production d'EP 4 titres pour 15000 euros: moins d'élus, mais plus de possibilités de promotion et davantage de temps pour créer l'oeuvre et la distribuer.
Et puis cette année, place à la communication: partenariats plus poussés avec des radios et chaînes télé et des concerts! Car rien ne vaut la vision live de l'artiste que vous voulez voir émerger.

Une soirée au Réservoir a été organisée le 23 février 2010 pour présenter les 3 groupes dont l'album est proposé à la production sur BMB: Damien Vanni, Xavier Duca et The Enjoys. Une vraie réussite avec une salle pleine et motivée et de très bons artistes, dans des styles différents mais avec une vraie cohérence. Il se murmure qu'une tournée pour cet été a même été envisagée...

Ce n'est qu'un début car tant que BMB n'aura pas trouvé son Grégoire, le site restera confidentiel et la production laborieuse... Mais peut-être qu'un de ces 3 artistes permettra de faire la différence.
N'hésitez pas à faire un tour sur un des sites de production communautaire (comme BMB, Mymajorcompany, Akamusic...) . Vous aurez peut-être la chance de découvrir de bons groupes impliqués et différents de ceux qu'on entend tous les jours à la radio.
Et qui sait? Peut-être vous donneront-ils envie d'investir quelques piécettes.

Mais attention, je vous préviens, une fois qu'on a commencé, c'est une vraie drogue: impossible de s'arrêter! "

 

 

http://www.obiwi.fr/culture/musiques/85791-ma-production-musicale-communautaire

Publié dans Témoignages

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article