EMI, «major» du disque en mode mineur

Publié le par Label-MusiCom

La maison de disques des Beatles, de Pink Floyd et de Coldplay, meilleure vente de 2008, va-t-elle être démantelée pour être revendue par appartements ? Synonyme de disparition pour le joyau discographique de la couronne britannique, cette hypothèse apparaît de plus en plus plausible pour EMI. Après l’échec des discussions menées avec ses concurrentes Universal et Sony Music pour leur céder une licence exclusive de distribution de son catalogue outre-Atlantique, la major britannique se retrouve dans l’incapacité d’honorer sa dette.

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Partage.

Etranglé par l’emprunt colossal contracté auprès de la banque Citigroup pour racheter EMI en 2007 au prix fort (2,4 milliards de livres, soit 2,7 milliards d’euros), le fonds Terra Firma devait impérativement lever 200 millions de livres (225 millions d’euros) avant hier soir, clôture de son exercice fiscal 2009-2010. Cette opération devait lui permettre de tenir in extremis ses engagements vis-à-vis de la banque américaine à laquelle il doit plus de trois milliards de livres. A défaut d’avoir trouvé 120 millions de livres d’ici au 12 juin, EMI deviendra la propriété de Citigroup, qui aura alors les mains libres pour céder la major au plus offrant.

Parmi les scénarios envisagés, celui d’un partage de la compagnie entre différents repreneurs apparaît le plus probable : à Warner le haut de catalogue et les grosses pointures, au fonds d’investissement KKR et à Bertelsmann l’édition musicale et la valorisation du gigantesque patrimoine d’Electric & Musical Industries.

Si le gouvernement britannique vient de sauver le mythique studio Abbey Road - qu’EMI souhaitait initialement vendre -, il ne pourra en revanche rien pour tirer d’affaires un label qui paie aujourd’hui la stratégie très financière de ses actionnaires. Introduit en bourse en 1996, EMI a subi de plein fouet et comme ses concurrentes la crise du disque à partir du début des années 2000. Mais l’ex-maison de disque de Radiohead, qui a multiplié ces dernières années les pertes et les plans de restructuration, s’est aussi mise à dos bon nombre de ses artistes depuis l’arrivée aux manettes en 2007 du financier Guy Hands (Terra Firma). Afin de revenir très vite à une rentabilité d’autant plus indispensable qu’il lui faut commencer à rembourser son achat très surévalué, ce dernier a engagé une rationalisation à la hache : remise en cause des avances, entraînant une crise ouverte avec Robbie Williams et Coldplay ; fuite des Stones à Universal ; départ d’un tiers des 5 500 salariés et remplacement de 80 des 100 principaux cadres, etc.

 

Consolation.

Une restructuration brutale. Mais qui commençait à porter ses fruits. EMI a vu son chiffre d’affaires et sa part de marché mondiale remonter de 8,85% à 11,68% en 2009. Une maigre consolation au regard de l’étau financier qui est en train d’étrangler la major. Rétabli commercialement malgré une image écornée, EMI risque paradoxalement de mourir en meilleure santé.

 

Source: Libération / Christophe Alix

Publié dans L'industrie musicale

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